Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 30.djvu/46

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
42
HISTOIRE GÉNÉRALE


taient à plusieurs reprises à continuer notre poursuite, nous trompaient par de faux avis, nous crûmes qu’il serait inutile d’aller plus loin, et nous retournâmes au rivage.

» Il était arrivé durant notre absence une querelle plus sérieuse et plus désagréable. L’officier détaché sur le petit canot retournait à bord avec les choses qu’on avait volées au capitaine Clerke : s’apercevant que nous poursuivions les coupables, le capitaine Cook et moi, il pensa qu’il était de son devoir de saisir la pirogue échouée sur le rivage. Par malheur elle appartenait à Paria, qui arriva au même instant de la Découverte, et qui réclama sa propriété en protestant à plusieurs fois de son innocence. L’officier refusa de la lui rendre, et lorsque l’équipage de la pinasse, qui attendait notre commandant, l’eut joint, il en résulta une dispute très-vive, durant laquelle Paria fut renversé d’un violent coup d’aviron sur la tête. Les insulaires rassemblés près de là, qui avaient été jusqu’alors spectateurs paisibles, firent tout de suite pleuvoir une grêle de pierres sur nos gens, qu’ils contraignirent à se retirer avec précipitation, et à gagner à la nage un rocher situé à quelque distance de la côte. Les insulaires s’emparèrent de la pinasse ; ils la pillèrent, et ils l’auraient détruite, sans l’intervention de Paria, qui, revenu à lui-même, eut la générosité d’oublier la violence qu’on venait d’exercer envers lui. Après avoir écarté, la foule, il fit signe à nos gens qu’ils pouvaient