tendions point de cris de joie ; il n’y avait ni
bruit ni foule autour de nous ; la baie était déserte ;
nous apercevions çà et là une embarcation
qui s’échappait le long du rivage. Nous
pouvions supposer sans doute que la curiosité
qui avait produit tant de mouvement lors de
notre première relâche n’existait plus ; mais
l’hospitalité affectueuse avec laquelle on nous
avait toujours traités, les témoignages de bienveillance
et d’amitié que nous avions reçus à
notre départ nous donnaient lieu d’espérer
qu’à notre retour les insulaires reviendraient
en foule et avec joie à nos vaisseaux.
» Nous formions diverses conjectures sur ce changement extraordinaire, lorsque nos inquiétudes furent enfin dissipées par le retour d’un canot que nous avions envoyé à terre : nous apprîmes que Terriobou était absent, et qu’il avait mis le tabou sur la baie. Cette explication parut satisfaisante à la plupart d’entre nous ; mais quelques-uns pensèrent, ou plutôt on peut croire que les événemens subséquens leur firent imaginer après coup qu’il y avait alors quelque chose de suspect dans la conduite des insulaires, et qu’en leur interdisant tout commerce avec nous, sous prétexte de l’absence du roi, les chefs avaient voulu gagner du temps et délibérer entre eux sur la manière dont il convenait de nous traiter. Nous n’avons jamais pu savoir si ces soupçons étaient fondés, ou si l’explication donnée par les naturels était vraie. Il n’est pas hors de vraisem-