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DES VOYAGES


louvoyâmes le reste du jour ; à l’entrée de la nuit, nous n’étions qu’à un mille de la baie ; mais, ne croyant pas qu’il fàt sage d’y entrer pendant les ténèbres, nous courûmes des bordées jusqu’au lendemain à la pointe du jour : au lever de l’aurore, nous jetâmes l’ancre à peu près au même mouillage que nous avions déjà occupé.

» Nous employâmes la journée du 11 et une partie de celle du 12 à déplacer le mât de misaine et à l’envoyer à terre avec les charpentiers, Comme les réparations dont il avait besoin devaient, selon toutes les apparences, prendre plusieurs jours, nous conduisîmes à terre nos instrumens d’astronomie, et nous dressâmes au moraï nos tentes, qui furent gardées par un caporal et six soldats de marine. Profitant de nos anciennes liaisons avec les prêtres, nous fîmes mettre le tabou sur remplacement où l’on avait déposé le mât : cette opération fut bien simple ; ils se contentèrent de l’entourer de baguettes, ainsi qu’ils l’avaient fait lors de notre première relâche. Les voiliers vinrent aussi à terre. Ils occupèrent une maison voisine du moraï, que nous prêtèrent les prêtres : tels étaient nos arrangemens. Je vais maintenant raconter en détail ce qui se passa entre les naturels et nous, et qui amena par degrés la fatale catastrophe du 14.

» Quand les vaisseaux furent à l’ancre, nous fumes surpris devoir que les insulaires n’étaient plus les mêmes à notre égard : nous n’en-