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HISTOIRE GÉNÉRALE

» Le capitaine délibéra quelque temps s’il courrait le risque de ne point trouver de havre aux îles sous le vent, ou s’il retournerait à Karakakoua. Cette baie n’était pas tellement commode qu’on ne pût espérer, avec vraisemblance, d’en trouver une meilleure pour réparer le mât ou embarquer des vivres ; et d’ailleurs nous étions persuadés, avec raison, que nous avions à peu près épuisé les provisions du voisinage. On observa d’un autre côté qu’il était trop périlleux de s’éloigner d’une rade assez bien abritée 5 que, si on l’abandonnait une fois, il serait difficile d’y revenir ; qu’il y aurait du danger à adopter cet expédient, dans l’espoir d’en rencontrer une meilleure ; et que, si nous n’en découvrions pas, nous serions vraisemblablement sans ressource.

» Nous continuâmes donc à gouverner vers la côte, afin d’offrir aux insulaires une occasion de venir chercher leurs compatriotes détenus à bord. À midi, nous étions à un mille de la terre : un petit nombre de pirogues arrivèrent aux vaisseaux ; mais elles étaient si remplies de monde qu’aucune d’elles ne pouvait embarquer les femmes dont nous voulions nous débarrasser.

» Le temps fut moins orageux le 10 après le lever du soleil, et quelques embarcations du pays nous accostèrent ; les insulaires qui les montaient nous apprirent que les derniers coups de vent avaient fait beaucoup de mal, et que ; plusieurs grandes pirogues avaient péri. Nous