étoffes avec tous les cochons et tous les végétaux.
Nous fûmes étonnés de la valeur et de la
magnificence de ce présent, qui surpassait de
beaucoup tous ceux que nous avions reçus aux
îles des Amis ou aux îles de la Société, Nous
fîmes sur-le-champ venir des canots, afin d’envoyer
le tout à bord : on sépara les gros cochons
que nous voulions embarquer et saler,
et on distribua aux équipages au moins
trente cochons plus petits, ainsi que les végétaux :
» Le même jour nous quittâmes le moraï et
nous reconduisîmes aux vaisseaux les tentes et
les instrumens astronomiques. Le charme du
tabou se trouva détruit dès que nous eûmes
abandonné la place ; les naturels s’y précipitèrent
en foule, et, comptant que nous y aurions
laissé des choses précieuses, ils firent
des recherches exactes. Comme je demeurai le
dernier à terre, parce que j’y attendais le retour
d’un canot, plusieurs insulaires s’attroupèrent
autour de moi, et m’ayant prié de m’asseoir
auprès d’eux, ils se mirent à déplorer
notre séparation. Je dois avouer que j’eus beaucoup
de peine à les quitter. Je demande la permission
de raconter ici un fait qui me regarde,
et qui inspirera peut-être de l’intérêt, quoiqu’il
soit minutieux en lui-même. Durant notre
relâche dans cette baie, j’avais commandé le
détachement que nous tînmes sur la côte ; je
connaissais plus les naturels, et j’étais pins connu
d’eux que ceux de mes eamarades que le