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DES VOYAGES

lequel une multitude de dents de chien flottaient en lignes parallèles. Il dansa sur le rivage d’une manière absolument burlesque : il accompagnait ses pas d’étranges grimaces ; et nous remarquâmes sur sa physionomie des contorsions qui ne manquaient ni d’énergie ni d’expression, quoiqu’elles fussent du comique le plus bas.

» Il y eut le soir des combats de lutte et de pugilat ; et, afin d’amuser les insulaires à notre tour, nous tirâmes le peu de pièces d’artifice qui nous restaient. Rien n’était plus propre que ce spectacle à exciter leur admiration et à leur inspirer une haute opinion de notre supériorité. Le capitaine a déjà décrit les effets extraordinaires des feux que nous tirâmes à Hapaï ; et quoique les pièces dont nous nous servîmes ici fussent bien inférieures, l’étonnement des spectateurs ne fut pas moindre.

» J’ai déjà dit que les charpentiers des deux vaisseaux furent envoyés dans l’intérieur de l’île avec ordre d’en rapporter les bois. Ils étaient partis depuis trois jours, et n’en ayant eu aucune nouvelle, nous commençâmes à éprouver de l’inquiétude. Nous fîmes part de nos craintes au vieux Kaou, qui parut aussi peu rassuré que nous ; nous concertions avec lui les moyens d’envoyer du monde après eux, lorsqu’ils arrivèrent tous sains et saufs. Pour trouver des arbres tels qu’il nous les fallait, ils avaient été obligés de pénétrer dans le pays plus avant que nous ne l’avions imaginé ; cette