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HISTOIRE GÉNÉRALE


de nouvelles preuves de la justesse de leur opinion. Il était assez plaisant de les voir toucher les flancs et tapoter les ventres des matelots (qui prirent réellement de l’embonpoint durant notre courte relâche dans cette île), et les avertir par signes ou verbalement qu’il était temps de nous en aller, mais que, si nous voulions revenir à la saison prochaine du fruit à pain, ils seraient plus en état de pourvoir à nos besoins. Nous étions depuis seize jours dans la baie ; et si l’on songe à la quantité énorme de cochons et de végétaux que nous consommâmes, on ne sera pas surpris qu’ils fussent impatiens de nous voir partir. Il est probable toutefois que les questions de Terriobou n’avaient alors d’autre but que de préparer, pour le moment où nous le quitterions, des présens proportionnés aux égards et à l’amitié avec lesquels ils nous avaient reçus ; car, lorsque nous lui eûmes dit que nous appareillerions le surlendemain, nous observâmes qu’il publia tout de suite dans les bourgades une espèce de proclamation qui enjoignait aux naturels d’apporter des cochons et des végétaux qu’il voulait donner à l’Orono à l’instant de son départ.

» Les bouffonneries de l’un des insulaires nous divertirent beaucoup durant cette journée. Il tenait un instrument de musique : il portait au cou des morceaux de plantes marines, et autour de chaque jambef un filet très-fort d’environ neuf pouces d’épaisseur, sur