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DES VOYAGES


portait une figure sculptée, et cette observation ayant produit des recherches de ma part, je reconnus qu’ils avaient conduit aux canots le demi— cercle entier. Quoique ceci se fut passé sous les yeux des insulaires, qui, loin de témoigner du ressentiment, avaient aidé nos gens dans ce transport, je crus devoir en parler à Iiaou : il me parut très —indifférent,

et me pria seulement de lui rendre la figure du centre : je la lui remis, et il l’emporta dans une des cabanes des prêtres.

» Terriobou et les chefs de sa suite nous faisaient depuis quelques jours beaucoup de questions sur l’époque de notre départ. Cette circonstance m’avait inspiré une vive curiosité de connaître l’opinion que les habitans de l’île s’étaient formée de nous, et ce qu’ils pensaient des motifs et du but de notre voyage ; mais je ne découvris rien, sinon qu’ils nous supposaient originaires d’un pays où les subsistances avaient manqué, et que nous étions venus les voir uniquement pour remplir nos ventres. La maigreur de quelques personnes de l’équipage, l’appétit avec lequel nous mangions leurs provisions fraîches, les soins extrêmes que nous prenions pour en acheter et en embarquer une quantité considérable devaient en effet leur inspirer ces idées. Ils remarquèrent d’ailleurs avec étonnément que nous n’avions point de femmes à bord ; que notre conduite était paisible, et que nous n’étions pas bruyans comme les guerriers ; ils trouvèrent dans ces remarques