Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 30.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
26
HISTOIRE GÉNÉRALE


un silence profond, et ils montrèrent une attention extrême pendant qu’on lut l’office des morts. Du moment où nous commençâmes à remplir la fosse, ils en approchèrent d’une manière très-respectueuse ; ils y jetèrent un cochon mort, des cocos et des bananes. Durant les trois nuits qui suivirent les funérailles, ils vinrent y sacrifier des cochons, et y chanter des hymnes et des prières qui duraient jusqu’au point du jour.

» Nous clouâmes sur un poteau dressé à la tête de la fosse une planche sur laquelle on inscrivit le nom du défunt, son âge et le jour de sa mort. Les insulaires nous promirent de ne pas l’enlever, et nous iumes persuadés qu’elle resterait en place aussi long-temps que le permettrait la matière fragile dont elle est composée.

» Nos vaisseaux ayant un grand besoin de bois à brûler, le capitaine me chargea, le 2 février, de négocier avec les prêtres l’achat de la balustrade qui environnait le sommet du moraï. Je dois avouer que j’eus d’abord quelque doute sur la bienséance de cette proposition ; je craignais qu’un seul mot sur cette matière ne fût regardé comme un trait d’impiété révoltante : je me trompais néanmoins. Ma demande ne leur causa pas la plus légère surprise ; ils y souscrivirent très-volontiers, et il ne fut pas question de ce que je leur donnerais en retour. Tandis que les matelots enlevaient la balustrade, je remarquai que l’un d’eux em-