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DES VOYAGES


de ces quadrupèdes, et qu’on nous les vendrait quatre ou cinq piastres chacun ; mais s’apercevant que M. Gore jugeait très-modique une pareille somme, et qu’il les paierait volontiers plus cher, il finit par nous dire qu’on ne bous les céderait peut-être pas à moins de sept ou huit piastres.

» Les chaloupes des deux vaisseaux furent envoyées à la bourgade le 23 dès le grand matin : elles devaient ramener à bord les buffles que nous avions donné ordre d’acheter ; mais ils furent obligés d’attendre la mer haute, seule époque de la journée où ils pussent traverser l’ouverture qui est à l’entrée du havre. Quand le détachement fut près de la bourgade, il trouva le ressac si fort sur la grève, que chacune des embarcations eut une peine extrême à ramener le soir un buffle : les officiers chargés de ce service dirent à leur retour que, vu la violence du ressac et la fureur des buffles, il eût été dangereux de vouloir en embarquer un plus grand nombre de cette manière. Nous en avions acheté huit, et nous ne savions alors comment les amener aux vaisseaux. Nous ne pouvions en tuer que ce qu’il en fallait pour notre consommation journalière, car dans ce climat la viande ne se garde pas jusqu’au lendemain. Après avoir délibéré avec Luc sur ce point, nous décidâmes que les six autres seraient amenés à travers les bois et la colline jusqu’à la baie où nous avions débarqué la veille, le capitaine Gore et moi, et

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