l’avait fait partir au mois d’août de Sai-gon,
capitale de la Cochinchine, et que, depuis cette
époque, il attendait à Poulo Condor des vaisseaux
français qu’il devait conduire dans un
bon port de la Cochinchine, éloigné d’un jour
de navigation. Nous l’avertîmes que nous n’étions
point Français, mais Anglais, et nous lui
demandâmes s’il ne savait pas que ces deux
nations étaient en guerre : il répondit que oui,
et il nous fit entendre que l’objet de sa mission,
était de servir de pilote aux vaisseaux qui voudraient
commercer avec le peuple de la Cochinchine,
de quelque pays qu’ils fussent. Il
nous montra alors un autre papier qu’il nous
pria de lire ; c’était une lettre cachetée, et dont
voici la suscription : « Aux capitaines de tous
les vaisseaux européens qui relâcheront à Condor. »
Nous craignîmes d’abord qu’elle ne fût
destinée aux vaisseaux français en particulier ;
mais comme elle paraissait adressée à tous les
capitaines européens, et que Luc nous exhortait
à la lire, nous rompîmes le cachet, et nous
la trouvâmes écrite par l’évêque qui avait signé
le certificat. Elle était conçue en ces termes :
« Des nouvelles récentes d’Europe nous donnant
lieu d’espérer qu’un vaisseau arrivera
bientôt à la Cochinchine, nous avons déterminé
la cour à envoyer à Poulo Condor le
mandarin porteur de cette lettre pour y attendre
l’arrivée du bâtiment. Si ce vaisseau
arrive en effet, le capitaine peut nous instruire
de son arrivée par le porteur, ou se
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DES VOYAGES