Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 30.djvu/295

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
287
DES VOYAGES


l’avait fait partir au mois d’août de Sai-gon, capitale de la Cochinchine, et que, depuis cette époque, il attendait à Poulo Condor des vaisseaux français qu’il devait conduire dans un bon port de la Cochinchine, éloigné d’un jour de navigation. Nous l’avertîmes que nous n’étions point Français, mais Anglais, et nous lui demandâmes s’il ne savait pas que ces deux nations étaient en guerre : il répondit que oui, et il nous fit entendre que l’objet de sa mission, était de servir de pilote aux vaisseaux qui voudraient commercer avec le peuple de la Cochinchine, de quelque pays qu’ils fussent. Il nous montra alors un autre papier qu’il nous pria de lire ; c’était une lettre cachetée, et dont voici la suscription : « Aux capitaines de tous les vaisseaux européens qui relâcheront à Condor. » Nous craignîmes d’abord qu’elle ne fût destinée aux vaisseaux français en particulier ; mais comme elle paraissait adressée à tous les capitaines européens, et que Luc nous exhortait à la lire, nous rompîmes le cachet, et nous la trouvâmes écrite par l’évêque qui avait signé le certificat. Elle était conçue en ces termes : « Des nouvelles récentes d’Europe nous donnant lieu d’espérer qu’un vaisseau arrivera bientôt à la Cochinchine, nous avons déterminé la cour à envoyer à Poulo Condor le mandarin porteur de cette lettre pour y attendre l’arrivée du bâtiment. Si ce vaisseau arrive en effet, le capitaine peut nous instruire de son arrivée par le porteur, ou se