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DES VOYAGES


Résolution et la Découverte ne tirèrent pas de leurs fourures moins de deux mille livres stériles en marchandises ou en espèces ; et certainement les deux tiers des peaux embarquées à la côte d’Amérique s’étaient gâtées ou usées, ou avaient été vendues au Kamtchatka. J’ajouterai que nous rassemblâmes d’abord ces pelleteries sans avoir aucune idée de leur valeur réelle : que la plupart avaient été portées par les Indiens qui nous les cédèrent ; que nous les conservâmes ensuite avec peu de soin ; qu’elles nous tinrent souvent lieu de couvertures de lit ; que nous les employâmes à d’autres usages durant notre campagne au nord, et que vraisemblablement nous ne les vendîmes pas à la Chine ce qu’elles valaient : d’où il résulte qu’une expédition de commerce à la côte d’Amérique procurerait des avantages bien dignes de l’attention du public.

» Le désir que montrèrent nos matelots de retourner à la rivière de Cook, et de faire leur fortune avec une autre cargaison de peaux, parvint à un degré de vivacité qui alla presque jusqu’à la révolte ; et je dois avouer que je goûtais ce projet, dont l’exécution, en nous donnant des moyens de reconnaître l’archipel du Japon et la côte septentrionale de la Chine, aurait réparé les omissions de notre dernière campagne. Au reste, je jugeai que notre Compagnie des Indes pourrait toujours remplir ce dernier objet avec succès, non-seulement sans dépense, mais avec l’espoir d’un bénéfice considérable.