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DES VOYAGES


pou ; mais ce qui montre l’excellente police de la Chine, ils laissent à Canton tout l’argent qu’ils possèdent en espèces, ce qui se monte quelquefois à cent mille livres sterling, sans autre sûreté que les sceaux des négocians du hong, du vice-roi et des mandarins.

» Durant mon séjour à Canton, un de mes compatriotes me mena chez un des Chinois les plus distingués du pays. Nous fûmes reçus dans une longue salle ou galerie, à l’extrémité de laquelle il y avait une table : une grande chaise se trouvait derrière la table, et nous aperçûmes d’autres chaises de chaque côté, dans toute la longueur de la pièce. On m’avait averti que la politesse consiste ici à se tenir debout aussi longtemps qu’il est possible, et je ne manquai pas de me conformer à cette étiquete ; on nous servit ensuite du thé et des fruits confits et frais. Le personnage que nous étions venus voir avait beaucoup d’embonpoint, une physionomie morne, et une extrême gravité dans ses manières ; il parlait un jargon mêlé de mots anglais et portugais : lorsque nous eûmes pris des rafraîchissemens, il nous montra sa maison et ses jardins, et nous nous retirâmes quand il nous eût expliqué les embellissemens qui l’occupaient.

» Voulant me soustraire aux embarras et aux délais qu’entraînait la sollicitation d’un passe-port ; voulant d’ailleurs économiser douze livres sterling que devait me coûter un sampan, j’avais projeté de me rendre à Macao sur le