Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 30.djvu/280

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
272
HISTOIRE GÉNÉRALE


duira peut-être le lecteur à une évaluation assez exacte de la population de cette ville de la Chine.

» Il est sûr qu’une maison chinoise occupe plus d’espace qu’une maison ordinaire d’Europe ; mais la population de quatre ou cinq à un, qu’indique M. Sonnerat, est certainement exagérée. Il faut ajouter que dans les faubourgs de Canton beaucoup de maisons ne sont que des magasins des négocians et des. marchands, dont la famille demeure dans l’intérieur de la ville. D’un autre côté, une famille chinoise paraît en général composée de plus de monde qu’une famille européenne. Un mandarin a, selon son rang et sa fortune, de cinq à vingt femmes ; un négociant en a de trois à cinq : un de ceux de Canton en avait vingt-cinq, et trente-six enfans ; mais on me le cita comme un exemple extraordinaire : un riche marchand en a pour l’ordinaire deux, et il est rare que les hommes des dernières classes en aient plus d’une. Le nombre des domestiques est au moins double de celui que soudoient en Europe les personnes de la même condition. Si donc nous supposons une famille chinoise plus considérable d’un tiers, et une maison d’Europe moins étendue de deux tiers, une ville de la Chine n’aura que la moitié des habitans d’une ville d’Europe de la même grandeur. D’après ces données, il est vraisemblable que la ville et les faubourgs de Canton contiennent environ cent cinquante mille âmes.