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HISTOIRE GÉNÉRALE


Quand ils furent à la portée l’un de l’autre, ils tinrent leurs deux bras sur une ligne parallèle devant leur visage, endroit où devaient se porter tous les coups. Ils se frappèrent par un développement complet du bras, et d’une mamère qui nous parut maladroite ; ils n’essayaient point de parer, mais ils éludaient l’attaque de leur’adversaire en inclinant le corps ou en se retirant. Le combat se décidait promptement ; car, si l’un d’eux était renversé, ou si un accident quelconque le faisait tomber, il passait pour vaincu ; et le vainqueur annonçait son triomphe par une multitude de gestes qui ordinairement excitaient de grands éclats de rire parmi les spectateurs. Il attendait ensuite un second antagoniste ; s’il triomphait de nouveau, il en attendait un troisième, jusqu’à ce qu’il fût battu à son tour. On observe dans ces combats une règle singulière ; tandis que les deux athlètes se préparent, un troisième peut s’avancer sur l’arène et défier l’un d’eux : celui qu’on ne défie pas est obligé de se retirer. Trois ou quatre champions se suivaient ainsi quelquefois avant qu’il y eût des coups de donnés. Si le combat durait plus long-temps qu’à l’ordinaire, ou si on le jugeait trop inégal, l’un des chefs venait le terminer en mettant un bâton entre les deux athlètes. Nous y remarquâmes d’ailleurs la gaieté et la bonne humeur que nous avions admirées parmi les naturels des îles des Amis. Nous avions demandé ces jeux, et tous les insulaires croyaient que nous