la curiosité des Européens établis à Canton. Si
ma santé eût été meilleure, il m’eût paru bien
dur de me trouver sous les murs d’une si grande
ville, remplie d’autant d’objets nouveaux
pour moi, et de ne pouvoir y entrer. La description
que le P. Lecomte et le P. Duhalde
ont faite de Canton est entre les mains de tout
le monde. M. Sonnerat vient d’accuser ces auteurs
d’une exagération ridicule ; et le public
verra peut-être avec plaisir les détails suivans,
que des Anglais de notre loge, qui ont fait une
longue résidence à Canton, ont eu la bonté de
me donner.
» Canton, en y comprenant l’ancienne et la nouvelle ville avec les faubourgs, a environ dix milles de tour. Quant à sa population, si l’on en peut juger d’après le nombre d’habitans de ses faubourgs, je la croirai bien au-dessous de celle d’une ville d’Europe de la même grandeur. Lecomte l’évalue à quinze cent mille âmes, et Duhalde à un million : M. Sonnerat assure qu’il a vérifié qu’elle n’est pas de plus de soixante-quinze mille[1]. Mais cet écrivain ne nous ayant pas fait part de son calcul, et montrant d’ailleurs contre les Chinois toute la prévention que montrent les deux jésuites en faveur de ce peuple, on peut révoquer en doute son opinion. Ce que je vais dire con-
- ↑ « J’ai vérifié moi-même, avec plusieurs Chinois, la population de Canton, de la ville des Tartares et de celle de Bateaux, etc. » Voyage aux Indes, par M. Sonnerat, tome II, page 14.