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HISTOIRE GÉNÉRALE


enchanté que sa négociation avait enfin réussi, et qu’un passe-port pour un des officiers du navire Larron (ou du corsaire) serait expédié dans peu de jours. Le président lui dit de ne plus s’en occuper, et il ajouta en me montrant : l’officier est arrivé. Il est impossible de décrire la frayeur que causa cette nouvelle au vieux Chinois : sa tête tomba sur sa poitrine, et la violence de son agitation ébranla le sofa sur lequel il était assis. Je ne pus savoir s’il avait peur de nous, qu’il regardait comme des pirates, ou de son gouvernement : il restait plongé dans sa douleur, lorsque M. Bevan l’exhorta à ne pas se livrer au désespoir ; il lui expliqua de quelle manière j’étais venu de Macao ; il lui communiqua les motifs de mon voyage à Canton, et le désir que j’avais d’en partir le plus tôt possible. Cette dernière remarque parut surtout lui faire plaisir, et j’espérais qu’il serait disposé à hâter mon départ. Cependant, dès qu’il eut la force de parler, il nous exposa les inévitables délais qu’essuierait mon affaire, la difficulté d’avoir une audience du vice-roi, la jalousie et la défiance des mandarins sur le but de notre relâche ; et il nous apprit que l’étrange récit fait par nous-mêmes, du but et des détails de notre expédition, avait donné une inquiétude extraordinaire aux mandarins.

» J’attendis plusieurs jours avec impatience la réponse du vice-roi, et comme je n’apercevais pas que l’affaire s’avançât, je m’adressai au commandant d’un vaisseau anglais de l’Inde,