Désirant abréger, le plus qu’il me serait possible
mon séjour à Canton, je priai mes compatriotes
de louer des jonques ou des bateaux pour le
lendemain, et je les avertis que je comptais
partir le surlendemain ; mais ils me dirent bientôt
qu’une affaire pareille ne se faisait pas si
promptement à la Chine ; qu’il fallait d’abord
obtenir une permission du vice-roi ; qu’il fallait
une patente de l’hoppo ou officier des douanes ;
qu’on n’accordait ces grâces qu’après y
avoir réfléchi mûrement ; en un mot, que la
patience était une vertu indispensable dans
ce pays ; qu’ils espéraient avoir le plaisir de
nous garder plus long-temps que je ne le projetais,
et qu’ils tâcheraient de me rendre, la loge
agréable.
» Quoique peu disposé à goûter ce compliment, je ne pus m’empêcher de rire d’un incident qui me fournit l’occasion de m’assurer par moir même de la vérité de ce qu’ils me disaient, et du caractère défiant des Chinois. Le lecteur se souvient qu’il s’était écoulé environ quinze jours depuis que le capitaine Gore avait écrit à la loge anglaise la lettre dans laquelle il priait le comité d’obtenir pour un de ses officiers la permission de passer à Canton. Le comité s’était adressé à un des principaux négocians chinois de cette ville ; et l’ayant intéressé en notre faveur, on l’avait déterminé à solliciter le passe-port auprès du vice-roi. Le Chinois, vint voir le président tandis que nous parlions de cet objet ; il nous assura d’un air