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DES VOYAGES


chons et autant de fruits et de racines que son équipage pouvait en consommer dans une semaine.

» Jusqu’ici nous n’avions vu aucun de leurs divertissemens ou de leurs exercices gymnastiques ; à la demande de quelques-uns de nos officiers, ils nous donnèrent le soir le spectacle d’un combat à coups de poings. Ces jeux furent, pour l’appareil et la magnificence, ainsi que pour l’adresse et la force des athlètes, inférieurs à ceux dont nous avions été témoins aux îles des Amis ; mais, comme ils en diffèrent à quelques égards, je les décrirai en peu de mots. Nous trouvâmes un immense concours de peuple assemblé sur une plaine à peu de distance de notre petit camp. Le milieu de cette foule offrait un long espace vide, à l’extrémité supérieure duquel étaient assis les juges, au-dessous de trois étendards, d’où pendaient des bandes d’étoffe de diverses couleurs, des peaux de deux oies sauvages, de petits oiseaux et des panaches de plumes. Lorsque tout fut prêt, les juges donnèrent le signal, et au même instant deux champions parurent dans l’arène. Ils s’avancèrent d’un pas lent ; ils élevaient à une grande hauteur leur pied de derrière, et passaient leurs deux mains sur la plante de ce pied. À mesure qu’ils approchaient, ils se regardaient souvent de la tête aux pieds d’un air de dédain ; ils jetaient des œillades de mépris sur les spectateurs ; ils tendaient leurs muscles, et ils faisaient un grand nombre de gestes affectés.