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DES VOYAGES


guerre, où nous imaginions que le sort des escadres et des armées de terre se décidait à chaque instant.

» Les nouvelles d’Europe que nous venions de recevoir nous donnèrent plus de désir encore de hâter notre départ, et je m’occupai de nouveau des moyens de passer à Canton ; mais ce fut sans effet : la difficulté venait de la police du pays, et l’on me dit qu’un événement survenu peu de semaines avant notre arrivée devait l’augmenter encore. M. Panton, commandant d’une frégate de vingt-cinq, canons, avait été envoyé de Madras ici, avec ordre de presser le paiement d’une somme d’environ un million sterling, capital et intérêts, due par des négocians chinois de Canton à des particuliers anglais établis aux Indes orientales ou en Europe : il obtint une audience du vice-roi de Canton, après quelques délais et non sans avoir employé la menace ; la réponse qu’il reçut de sa mission fut loyale et satisfaisante ; mais il fut à peine parti, qu’on afficha sur la porte de toutes les maisons des Européens, et dans les places publiques de la ville, un édit qui défendait aux étrangers de prêter de l’argent aux sujets de l’empereur, sous quelque prétexte que ce fût.

« Cet édit avait excité de vives alarmes à Canton : les négocians chinois qui avaient souscrit la dette contre les lois du commerce de leur pays, et qui niaient en partie la justice de la demande, craignirent que l’affaire ne fût