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HISTOIRE GÉNÉRALE


hoppo, ou de l’officier des douanes, et qu’il fallait pour cela s’adresser au vice-roi de Canton.

» Pour juger du chagrin que me causa ce délai inattendu, il faudrait sentir avec quelle extrême impatience nous désirions depuis si long-temps savoir des nouvelles d’Europe. Les hommes, très-occupés d’un objet, négligent souvent les moyens les plus aisés et les plus simples de l’obtenir ; c’est ce qui m’arriva : j’avais repris tristement le chemin des vaisseaux, lorsque l’officier portugais qui m’accompagnait me demanda si je ne verrais pas les Anglais établis à Macao : je n’ai pas besoin de dire avec quel transport je profitai de son idée, et je ne décrirai point ces mouvemens d’espoir et de crainte, ce mélange de curiosité et d’inquiétude que j’éprouvai tandis que nous nous rendîmes à la maison d’un de mes compatriotes.

» L’Anglais auquel on m’adressa ne put guère répondre aux questions que je lui fis sur les intérêts particuliers de mes camarades ou sur les miens ; mais les événemens publics qui étaient survenus depuis notre départ accablèrent mon esprit si brusquement, et tous à la fois, qu’ils m’ôtèrent presque la faculté de réfléchir. Nous causâmes plusieurs jours à bord de ce que j’avais appris : nous semblions chercher dans le doute et l’incertitude ce soulagement et ces consolations que la réalité des malheurs de l’Angleterre paraissait exclure : des sentimens si pénibles étaient suivis d’un vif regret de nous voir éloignés du théâtre de la