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HISTOIRE GÉNÉRALE


vingt-quatre coups de canon ; et, vu la position des possessions de la czarine où nous nous trouvions, la fête ne fut pas indigne d’une souveraine si célèbre et si magnifique.

» Le 5, nous reçûmes de Bolcheretsk une nouvelle provision de thé, de sucre et de tabac : Le capitaine Schmaleff avait rencontré ce présent que nous envoyait sa femme : il nous écrivit que le sloop étant arrivé d’Okhostk durant son absence, madame Schmaleff, qui s’intéressait beaucoup à nous, avait détaché tout de suite un courrier : il nous priait d’accepter ces bagatelles de la part de sa femme.

» Nous nous portâmes vers l’ouverture de la baie le 8 au matin, et nous reprîmes à bord tous les canots ; mais le vent ayant tourné au sud, nous ne pûmes aller plus loin, et nous fûmes obligés de mouiller.

« Nous démarrâmes de nouveau le 9, à quatre heures du soir ; et tandis qu’on relevait avec peine ma dernière ancre, on me dit que le tambour des soldats de marine s’était échappé du canot envoyé à la bourgade ; qu’on l’avait vu avec une femme kamtchadale qui lui avait inspiré beaucoup d’affection, et qu’elle l’avait sollicite souvent de demeurer dans le pays. Quoique cet homme nous fut inutile depuis long-temps, parce qu’il avait au genou une enflure qui ne lui permettait pas de marcher, je sentis qu’il deviendrait à charge aux Russes et à lui-même, et ses infirmités me décidèrent de plus en plus à ne pas appareiller sans lui.