aux lacs, et parmi les joncs, les longues herbes
et les fougeraies placés au bord de l’eau. Lorsque
le lieu de l’embuscade est déterminé, les
chasseurs fixent en terre les béquilles sur lesquelles
ils pointent leurs fusils ; ils s’agenouillent
ensuite, ou se couchent par terre, selon
que l’endroit où ils se tiennent cachés est plus
ou moins couvert ; et armés d’ailleurs d’un
épieu qu’ils portent à leur côté, ils attendent
leur proie. Ces précautions, qui ont surtout
pour objet de ne pas manquer leur coup, sont
très-convenables : d’abord la poudre et le
plomb se vendent si cher au Kamtchatka, qu’un
ours ne vaut pas plus de quatre ou cinq cartouches ;
et, ce qui est plus important encore,
si le premier coup ne met pas l’ours hors de
combat, il en résulte souvent des suites funestes ;
car l’ours se porte sur-le-champ : vers le
lieu d’où viennent le bruit et la fumée, et il attaque
ses ennemis avec beaucoup de fureur. Il
est impossible aux chasseurs de recharger : l’animal
est rarement à plus de trente-six à quarante-cinq
pieds de distance lorsqu’ils la tirent ;
s’ils ne le renversent pas, ils saisissent à l’instant
même leur épieu pour se défendre ; et s’ils ne
lui portent pas un premier coup mortel quand
il fond sur eux, leur vie est en danger. Si l’ours
pare le coup (ce que la force et l’agilité de
ses pattes le mettent souvent en état de faire),
et s’il se précipite sur les chasseurs, le combat
devient alors inégal, et ils se croient heureux
s’il n’y a qu’un seul d’entre eux de tué.
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DES VOYAGES