mencé à être infiniment plus douce après
l’arrivée du major Behm. Ce respectable gouverneur
lui avait témoigné de l’intérêt, et en
invitant souvent à sa table, il avait engagé
les autres Russes à le recevoir également : il
avait d ailleurs fait porter la pension de cet infortuné
à cent roubles, c’est-à-dire, à la somme
que reçoivent les officiers avec rang d’enseigne,
dans tous les états de l’impératrice, excepté
dans cette province, où leur solde est
double. M. Behm était venu à bout de lui procurer
la permission de demeurer à Okhotsk ;
mais songeant qu’il pourrait nous être utile lors
de notre retour à Petro-Pavlovska, il l’avait
engagé à nous attendre.
» J’appris le 20 avec regret que durant notre absence le vieux pout-parouchich avait fait infliger un châtiment corporel à notre ami le sergent : personne d’entre nous ne put en découvrir la cause ; mais on imagina que notre politesse envers le sergent lui avait donné de la jalousie. Nous avions toutes sortes de raisons de croire que l’offense, quelle qu’elle fût, ne méritait pas une peine aussi humiliante, et nous en fûmes affligés et indignés : nos liaisons avec le sergent et l’intérêt que nous lui témoignions, nous rendaient en quelque sorte cet affront personnel. Je n’ai pas encore dit que nous avions consulte le respectable major Behm sur les moyens les plus propres à rendre quelques services au sergent qui avait maintenu le bon ordre dans l’ostrog durant notre première re-