Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 30.djvu/254

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
246
HISTOIRE GÉNÉRALE


barqué le bois et l’eau qui nous étaient nécessaires, et en vingt-quatre heures nous pouvions appareiller. Il faut cependant observer que le bétail n’était pas encore arrivé de Verchney ; et comme nous avions surtout besoin de viande fraîche, qui était presque indispensable pour la santé des équipages, nous ne pouvions songer à partir sans l’avoir reçue. Tout annonçait le beau temps : nous crûmes devoir profiter de cet intervalle pour prendre quelques récréations à terre, et nous instruire un peu de l’état du pays. Le capitaine Gore proposa une chasse de l’ours, et nous adoptâmes son idée avec empressement.

» Voulant laisser un jour de repos à Hospodin Ivaskin, gentilhomme russe de Verchney, qui devait être de la chasse, et qui était arrivé le 15, nous ne partîmes que le 17. Le major iSehm I avait prié de se rendre auprès de nous lorsque nous serions de retour à Petro-Pavlovska, et de nous servir d’interprète ; ce qu’on nous avait dit de lui nous donnait un grand désir de le voir.

» Sa famille avait tenu un é’fet considérable en Russie. Fils d’un général au service de la czarme, élevé en France et en Allemagne, il avait été page de l’impératrice Elisabeth, et enseigne de ses gardes. On lui donna le knout à lage de seize ans ; on lui fendit le nez et on l’exila d’abord en Sibérie, et ensuite au Kamtchatka, où il vivait depuis trente-un ans. Il était d’une haute taille et très-maigre ; des rides