nes de bardeaux qui devaient servir de lest.
Nous allions trouver des peuples dont l’accueil
dépendrait, selon toute apparence, de l’air plus
ou moins imposant de nos vaisseaux ; deux de
nos canons furent, en conséquence, tirés de
la cale et placés sur le pont.
» Nous commençâmes, à peu près à cette époque, à faire bouillir une espèce de petit pin qui croît ici en grande abondance ; nous crûmes que cette décoction pourrait nous servir dans la suite à brasser de la bière, et que nous viendrions à bout de nous procurer à Canton du sucre ou de la mélasse. J’étais sûr d’ailleurs que ce serait un bon anti-scorbutique, et je désirais d’autant plus embarquer une quantité considérable de ce végétal, que la plupart des anti-scorbutiques dont on avait pourvu mon vaisseau en Angleterre se trouvaient consommés ou gâtés.
» Le 10 au matin, les canots des deux vaisseaux remorquèrent une galiote russe d’Okhotsk, qui se montrait à l’entrée du havre. Ce bâtiment était en route depuis trente-cinq jours, et du haut du fanal on l’avait vu quinze jours auparavant louvoyer pour gagner l’ouverture de la baie : il avait envoyé à terre sa seule embarcation pour y chercher de l’eau dont l’équipage commençait à avoir grand besoin : le vent ayant fraîchi, cette embarcation fit naufrage à son retour, et la galiote, rejetée dans la haute mer, avait souffert extrêmement.
» Elle portait cinquante soldats avec leurs