Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 30.djvu/251

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
243
DES VOYAGES


nes de bardeaux qui devaient servir de lest. Nous allions trouver des peuples dont l’accueil dépendrait, selon toute apparence, de l’air plus ou moins imposant de nos vaisseaux ; deux de nos canons furent, en conséquence, tirés de la cale et placés sur le pont.

» Nous commençâmes, à peu près à cette époque, à faire bouillir une espèce de petit pin qui croît ici en grande abondance ; nous crûmes que cette décoction pourrait nous servir dans la suite à brasser de la bière, et que nous viendrions à bout de nous procurer à Canton du sucre ou de la mélasse. J’étais sûr d’ailleurs que ce serait un bon anti-scorbutique, et je désirais d’autant plus embarquer une quantité considérable de ce végétal, que la plupart des anti-scorbutiques dont on avait pourvu mon vaisseau en Angleterre se trouvaient consommés ou gâtés.

» Le 10 au matin, les canots des deux vaisseaux remorquèrent une galiote russe d’Okhotsk, qui se montrait à l’entrée du havre. Ce bâtiment était en route depuis trente-cinq jours, et du haut du fanal on l’avait vu quinze jours auparavant louvoyer pour gagner l’ouverture de la baie : il avait envoyé à terre sa seule embarcation pour y chercher de l’eau dont l’équipage commençait à avoir grand besoin : le vent ayant fraîchi, cette embarcation fit naufrage à son retour, et la galiote, rejetée dans la haute mer, avait souffert extrêmement.

» Elle portait cinquante soldats avec leurs