çûmes pas une pirogue dans la baie, et les naturels
se tinrent dans leurs cabanes, ou la face
prosternée contre terre. Avant que le roi quittât
la Résolution, le capitaine obtint pour les
insulaires la permission de venir aux vaisseaux,
et d’y faire des échanges ; mais les femmes,
par des raisons que nous ne pûmes découvrir,
demeurèrent soumises au tabou, c’est-à-dire
qu’il leur fut toujours défendu de sortir de
leurs habitations et d’avoir aucune communication
avec nous.
» La tranquillité et l’hospitalité généreuse des naturels ayant dissipé toutes nos craintes, nous n’hésitâmes pas à nous mêler au milieu d’eux, et nous les fréquentâmes sans inquiétude à tout moment et dans toutes les occasions. Les officiers des deux vaisseaux parcoururent chaque jour l’intérieur du pays en petites troupes, et même seuls, et ils y passèrent souvent des nuits entières. Je ne finirais pasj si je voulais raconter les marques sans nonpre d’amitié et de politesse que nous recevions alors des insulaires : partout où nous allions, le peuple se rassemblait en foule autour de nous ; il s’empressait à nous offrir les divers secours qui dépendaient de lui, et était très-satisfait, si nous acceptions ses services. On mettait en usage plusieurs petites ruses pour attirer notre attention et différer notre départ. Quand nous traversions les villages, les jeunes garçons et les jeunes filles couraient devant nous ; ils s’arrêtaient à chacun des en-