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DES VOYAGES


même route, on formera peu d’espérance sur les avantages qui pourraient en résulter. Si l’on suppose même que, durant une saison extrêmement favorable, un vaisseau a trouvé un passage libre antour des côtes de la Sibérie, et qu’il est arrivé sain et sauf à l’embouchure de la Léna, ce bâtiment aura encore à passer le cap Taïmoura, situé par 78° de latitude, et qui jusqu’ici n’a été doublé par aucun voyageur.

» On soutient cependant que de fortes raisons doivent faire supposer que la mer est moins couverte de glaces à mesure quon approche du pôle ; que toutes les glaces vues par nous dans les latitudes inférieures semblent avoir été formées dans les grandes rivières de la Sibérie et de l’Amérique, et qu’après s’être détachées des bords, elles étaient venues remplir les parages où nous les avons trouvées. Lors même que cette hypothèse serait vraie, il serait vrai aussi qu’il n’y aurait aucun moyen de traverser ces parages, si l’été ne fondait pas une masse si énorme de glaces. En admettant cette origine de la formation des glaces, nous aurions mal choisi l’époque de l’année pour essayer le passage, et il faudrait le tenter au mois d’avril et au mois de mai, avant, le dégel des rivières ; mais par combien d’argumens on peut attaquer cette supposition ! Les glaces que nous avons rencontrées au havre de Petro-Pavlovska nous ont mis en état de juger de celles auxquelles on peut s’attendre plus loin au nord, et nous ont