Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 30.djvu/236

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
228
HISTOIRE GÉNÉRALE


Le capitaine Gore et les charpentiers des deux vaisseaux pensèrent qu’il faudrait trois semaines pour le radoub, et qu’il serait indispensable dy travailler dans un port.

» Voyant que la mer, fermée par les glaces, ne nous permettait pas de nous élever davantage au nord, ou d’approcher plus près de l’un ou l’autre des continens, nous jugeâmes qu’il serait contraire au bien du service d’exposer les deux vaisseaux, et inutile au but de notre expédition de faire de nouvelles tentatives pour découvrir un passage au nord-est ou au nord-ouest. Ces motifs, joints aux représentations du capitaine Gore, déterminèrent le capitaine Clerke à ne plus perdre de temps sur des projets dont l’exécution était impossible mais à gagner la baie d’Avatcha, afin de nous y réparer et de reconnaître la côte du Japon avant que l’hiver nous ôtât les moyens de faire des découvertes.

» Je ne dissimulerai pas la joie qui se peignit sur la physionomie de chacun de nous dès que la résolution du capitaine Clerke fut connue, Nous étions tous fatigués d’une navigation très-dangereuse où la persévérance la plus opiniâtre n’avait pas été suivie de la plus légère apparence de succès. Nous courions les mers depuis trois ans ; et malgré les ennuyeuses campagnes que nous avions encore à faire, et l’immense espace qu’il nous fallait parcourir, nous tournâmes nos regards vers notre patrie avec un plaisir et une satisfaction aussi réelle que si