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DES VOYAGES


vants, nous nous disposâmes à appareiller, et nous commençâmes à démarrer le 11.

» Le 15, ayant la pointe du jour, nous entendîmes un bruit sourd qui ressemblait à un coup de tonnerre éloigné, et au lever de l’aurore, nous trouvâmes les ponts et les côtés des vaisseaux couverts, à la hauteur d’un pouce, d’une poussière fine, qui ressemblait à de la poudre d’émeri. L’atmosphère, encore chargée de cette substance, était obscurcie, et si épaisse et si noire du côté du volcan, situé au nord du port, que nous ne pouvions distinguer le corps de la montagne. À midi et durant l’après-dinée, les explosions devinrent plus éclatantes, et elles furent suivies de bouffées d’un fraisil, dont chaque morceau en général était à peu près de la grosseur d’un pois ; on en recueillit quelques-uns qui étaient comme une noisette. De petites pierres, sur lesquelles l’action du feu n’avait produit aucune altération, tombèrent avec le fraisil. Nous eûmes le soir des éclairs et des coups de tonnerre, qui, joints à l’obscurité de l’atmosphère et à l’odeur de soufre que nous respirions, formèrent un spectacle effrayant. Nous étions alors à environ huit lieues de distance du pied de la montagne.

» Le 16, à la pointe du jour, nous levâmes l’ancre, et nous sortîmes de la baie. À midi, nous étions à deux lieues de la terre, et les sondes rapportèrent quarante-trois brasses, fond de petites pierres de l’espèce de celles qui