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HISTOIRE GÉNÉRALE


beaucoup : ils en amenèrent sur le rivage un tas si énorme, qu’outre la portion nécessaire à la consommation journalière, ils remplirent autant de barriques qu’ils purent employer à les saler, et qu’après en avoir envoyé à la Résolution autant qu’elle pouvait en désirer, ils en laissèrent plusieurs boisseaux sur la grève.

» À cette époque la neige commença à disparaître très-rapidement ; les équipages cueillirent beaucoup d’ail sauvage, de céleri et de têtes d’orties. On faisait bouillir ces plantes avec de la farine et des tablettes de bouillon, ce qui procurait un déjeuner très-sain et très-agréable ; on en servit tous les matins durant notre relâche : on fit aussi des trous aux bouleaux, et le suc qui en découlait abondamment fut toujours mêlé avec les rations d’eau-de-vie.

» On tua, le 16, un jeune bœuf que le sergent nous avait procuré ; il pesait deux cent soixante-douze livres. Le dimanche, on le servit pour le dîner des deux équipages : nos gens n’avaient pas mangé de bœuf frais depuis notre départ du cap de Bonne-Espérance, au mois de décembre 1776, c’est-à-dire depuis près de deux ans et demi.

» John Mackintosh, aide du charpentier, mourut le soir : il avait eu la dyssenterie depuis notre départ des îles Sandwich ; il était très-laborieux et très-paisible, et ses camarades le regrettèrent beaucoup : c’était le quatrième homme que la maladie nous enlevait