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DES VOYAGES


gations, dont il savait que nous n’avions aucun moyen de nous acquitter. Si on l’envisage ensuite comme un homme revêtu d’un caractère public, et chargé de représenter dignement une grande souveraine, les sentimens équitables et généreux qui l’animaient doivent exciter de plus en plus notre admiration. « La mission que vous remplissez, nous disait-il souvent, sera utile à toutes les nations ; vous ne méritez pas seulement les égards et les secours que tous les hommes se doivent entre eux, vous avez droit à tous les privilèges des citoyens, dans quelque pays qu’abordent vos vaisseaux. Je suis sûr de faire plaisir à l’impératrice de Russie en vous procurant les diverses choses qui dépendent de moi, et je manquerais à sa dignité et à mon honneur en mettant un prix à ce devoir. » D’autres fois il nous disait qu’il voulait donner un grand exemple aux Kamtchadales, qui commencent à sortir de l’état de barbarie ; que ce peuple regarde les Russes comme ses modèles en tout ; que, si ses espérances n’étaient pas trompées, ils se croiraient obligés désormais d’assister les étrangers le mieux qu’il leur serait possible, et qu’ils se persuaderaient que tel est l’usage universel des nations civilisées. J’ajouterai qu’après avoir mis tout en usage afin de pourvoir à nos hesoins du moment, il s’occupa avec le même zèle de ceux que nous éprouverions à l’avenir : il lui semblait plus que probable que nous ne découvririons point le passage que nous cherchions, et que par con-