rent qu’ils avaient lieu de croire l’eau-de-vie
rare au Kamtchatka, et que ce présent ferait
plaisir aux troupes russes, puisqu’à Petro-Pavlovska
on avait voulu leur donner quatre roubles
d’une bouteille d’eau-de-vie. Nous n’ignorions
pas combien les matelots se plaignaient
lorsqu’on suspendait leur grog, ce qui arrivait
communément dans les climats chauds, afin de
pouvoir leur en servir une quantité plus grande
dans les climats froids. Nous sentions que cette
libéralité les priverait de liqueurs fortes durant
la campagne rigoureuse que nous voulions faire
au nord, et il nous fut impossible de ne pas admirer
un sacrifice si extraordinaire. Ils exécutèrent
leur projet ; mais M. Clerke et les autres
officiers, afin de ne pas laisser cette belle action
sans récompense, substituèrent une quantité de
rum pareille à la très-petite quantité de grog
que le major Behm avait acceptée pour la garnison.
M. Behm reçut de la manière la plus
obligeante ce rum, ainsi que deux douzaines
de bouteilles de vins que nous destinâmes à
madame Behm, avec les autres petits présens
que notre position nous permettait de lui offrir.
Le tabac fut distribué le lendemain aux
equipages des deux vaisseaux : on en donna
trois livres à chacun de ceux qui mâchaient ou
qui fumaient, et il y en eut une livre pour les
autres.
» J’ai déjà dit que le major Behm avait résigné le commandement du Kamtchatka, et qu’il comptait partir bientôt pour Saint-Pé-