Behm nous attendait ayec les dames de Bolcheretsk,
vêtues de longs manteaux de soie,
garnis de fourrures très-précieuses de différentes
couleurs. Après avoir pris quelques rafraîchissemens
qu’on nous avait préparés, nous
allâmes au bord de la rivière au milieu des dames,
qui chantèrent des airs doux et tendres,
ainsi que les hommes. Quand nous eûmes fait
nos adieux à madame Behm, et quand nous
l’eûmes assurée que nous n’oublierions jamais
la manière dont on nous avait accueillis à Bolcheretsk,
nous nous sentîmes trop émus pour
ne pas gagner nos canots à la hâte. À l’instant
où nos embarcations démarrèrent, toutes les
personnes qui étaient sur le rivage nous saluèrent
par trois acclamations : nous leur répondîmes,
et lorsque nous doublâmes la pointe,
nos sensibles amis, qui nous aperçurent pour la
dernière fois, nous firent leurs derniers adieux
par d’autres acclamations.
» Nous partîmes le 16 de Bolcheretsk. Nous nous embarquâmes le 21 sur la rivière d’Avatcha, et avant la nuit nous avions passé les bancs de sable qu’on voit à l’entrée de la baie du même nom. Durant notre voyage, nous fûmes enchantés de l’empressement avec lequel les toïons et les Kamtchadales, leurs sujets, nous donnèrent des secours dans les différens ostrogs que nous rencontrâmes : ce fut pour moi une grande satisfaction d’observer le plaisir que leur causait la présence du major Behm, et le chagrin et la douleur qui se peignirent sur