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HISTOIRE GÉNÉRALE


tête de mon détachement, au lieu d’aller à bord comme nous nous y attendions.

» Dès que je le vis approcher, j’ordonnai à ma petite troupe de se mettre en bataille pour recevoir le roi. Le capitaine ayant remarqué que ce prince venait à terre, le suivit, et il arriva près qu’au même instant. Je les conduisis dans la tente ; ils y furent à peine assis que le prince se leva, et jeta d’une manière gracieuse sur les épaules de notre commandant le manteau qu’il portait ; il lui mit aussi un casque de plumes sur la tête et un éventail curieux dans les mains, et étendit ensuite à ses pieds cinq ou six manteaux très-jolis et d’une grande valeur. Les gens de son cortège apportèrent alors quatre gros cochons, des cannes à sucre, des cocos et du fruit à pain. Le roi termina cette partie de la cérémonie en changeant de nom avec le capitaine ; ce qui, parmi tous les insulaires du grand Océan, est réputé le témoignage d’amitié le plus fort que l’on puisse donner. Une procession de prêtres, menée par un vieillard d’une physionomie vénérable, parut alors ; elle était suivie d’une longue file d’hommes qui amenaient de gros cochonsen vie, et d’autres qui portaient des bananes, des patates, etc. Je jugeai, d’après les coups d’ceil et les gestes de Kaïrikia, que le vieillard était le supérieur de la communauté des prêtres que j’ai indiquée plus haut, dont la générosité avait fourni si long-temps à notre subsistance. Il tenait dans ses mains une pièce d’étoffe rotige