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DES VOYAGES


main 15 des bagatelles que je leur avais données ; son fils m’offrit un habit kamtchadale magnifique ; c’était un des vêtemens que portent les principaux toïons du pays les jours de grandes cérémonies ; et, ainsi que je l’appris ensuite de Fedositch, il valait au moins cent vingt roubles : sa fille me força en même temps d’accepter un manchon de martre zibeline.

» Nous dînâmes chez le gouverneur. Il voulut nous faire mieux connaître les mœurs des habitans du pays, et il rassembla le soir les gens les plus qualifiés du village voisin de Bolcheretsk. Les femmes arrivèrent magnifiquement habillées, selon la mode des Kamtchadales. Le vêtement de la femme du capitaine Schmaleff et de celles des autres officiers de la garnison était mi-partie des modes de la Sibérie et de celles d’Europe. Pour rendre le contraste plus frappant, madame Behm avait fait ouvrir ses malles, et elle était superbement vêtue à l’européenne. Je fus frappé de la richesse et de la variété des étoffes de soie, et je ne le fus pas moins de la singularité de l’ajustement. Ce spectacle paraissait être une décoration enchantée au milieu d’un pays le plus sauvage et le plus triste du monde. Il y eut des danses et de la musique.

» Notre départ étant fixé au lendemain, nous nous retirâmes de bonne heure. Lorsque nous entrâmes dans nos chambres, nous aperçûmes trois habits de voyage taillés selon la