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HISTOIRE GÉNÉRALE


cartes et d’autres preuves pour le croire. Je puis mettre au nombre de ces preuves un fait curieux que le major Behm nous raconta et dont l’explication, à ce qu’il nous dit lui-même l’aurait bien embarrassé, s’il ne nous avait pas vus.

» On sait que les Tchoutskis sont le seul peuple de l’Asie qui ait conservé son indépendance, et qu’ils ont rendu vaines toutes les tentatives faites par la Russie pour les subjuguer. La dernière expédition formée contre eux est de 1750 ; elle se termina, après différens succès, par la retraite des forces russes et la mort du général. Depuis cette époque, les Russes ont rapproché leur forteresse des frontières, et au lieu de la laisser sur les bords de 1’Anadyr, ils l’ont établie sur ceux de l’Ingiga, rivière qui a son embouchure à l’extrémité septentrionale de la mer d’Okhotsk, et qui donne son nom à un golfe situé à l’ouest de celui de Penchinsk. M. Behm reçut des nouvelles de ce fort le jour de notre arrivée ; on lui manda qu’une troupe de Tchoutskis était venue avec des propositions d’amitié, et qu’elle offrait d’elle-même un tribut. Les Tchoutskis, interrogés sur la cause de cette révolution inattendue, dirent que, sur la fin de l’été précédent, ils avaient reçu la visite de deux grands canots russes ; que les équipages les ayant traités avec la plus grande bonté, ils les avaient pris en amitié ; et que, comptant sur ces dispositions bienveillantes, ils se rendaient au fort russe afin d’établir