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HISTOIRE GÉNÉRALE


fourrures et de peaux d’ours ; il avait dix chiens attelés sur trois lignes ; quelques autres voitures qui portaient notre gros bagage étaient attelées de la même manière.

» Nous arrivâmes le 12 à un village situé à peu de distance de la Bolchoïreka : nous y trouvâmes un sergent et quatre soldats russes qui nous attendaient depuis deux jours, et qui détachèrent tout de suite une embarcation légère à Bolcheretsk pour instruire le gouverneur de notre approche. Nous nous embarquâmes sur le fleuve, et nous fumes soumis à la gène du cérémonial. On nous donna un bateau garni de peaux et de fourrures, et magnifiquement équipé, qu’on avait préparé pour nous : nous y avions toutes nos aises, le capitaine Gore et moi ; mais le reste de nos compagnons en fut exclus. C’est avec beaucoup de regret que nous nous séparâmes de Port, qui devenait chaque jour plus réservé et plus respectueux. Il nous avait dit, il est vrai, avant de partir, qu’il ne méritait pas tant d’égards ; mais, comme nous l’avions toujours vu fort modeste et fort discret, nous avions insisté pour qu’il vécût avec nous pendant la route. Le reste de notre passage se fit avec beaucoup de facilité et de promptitude, le fleuve étant devenu plus rapide et moins rempli de bancs de sable à mesure que nous descendîmes.

» Le mouvement et le bruit que nous remarquâmes lorsque nous fûmes près de Bolcheretsk nous firent de la peine ; nous jugeâmes qu’on