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DES VOYAGES


amollie ; mais le gouverneur du Kamtchatka me dit qu’en général on fait cette route en deux jours et demi, et qu’il a une fois reçu des lettres en vingt-trois heures.

» Pendant l’hiver on nourrit les chiens avec des restes de poissons secs, ou avec du poisson pouri ; mais on les prive toujours de cette misérable nourriture un jour avant qu’ils partent pour un voyage, et on ne leur permet de manger que lorsqu’ils sont à la fin de leur course. Souvent on les fait ainsi jeûner deux jours entiers, et on nous a assurés que durant cet intervalle ils parcourent un espace de cent vingt milles ; c’est ce que Krascheiiinikoff assure dans son Histoire du Kamtchatka,

» N’osant pas nous fier à notre adresse, nous avions chacun un homme qui conduisait et dirigeait le traîneau ; et, vu l’état des chemins, c’était une besogne assez difficile ; le dégel avançait rapidement dans les vallées situées sur notre route, et nous fumes réduits à marcher le long des flancs des collines : nos guides furent obligés de soutenir sur leurs épaules, durant plusieurs milles, la partie inférieure des traîneaux ; ils avaient eu soin de se munir de souliers propres à la neige. J’étais mené par un Cosaque de très-bonne humeur, mais si peu habile, que nous versions presqu’à toutes les minutes, ce qui divertissait beaucoup le reste de la troupe. Dix traîneaux composaient notre caravane : celui que montait le capitaine Gore en offrait deux réunis, et il était bien garni de