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DES VOYAGES


cargues de notre factorerie nous confirmèrent la vérité de ces faits ; ils nous apprirent qu’ils avaient vu effectivement arriver sur une galiote russe un officier, qui disait venir de Kamtchatka, et que la loge française lui avait fourni les moyens de passer en Europe.

» Nous ne pûmes nous empêcher de rire des craintes et des inquiétudes de ces bonnes gens, et en particulier de ce que nous dit M. Port, de la circonspection qu’avait eue le sergent la veille, au moment où il m’avait vu marcher vers la terre, accompagné de quelques-uns de nos messieurs : le sergent l’avait fait cacher dans sa cuisine, ainsi que le marchand Fedositch ; il les avait priés d’écouter notre conversation, dans l’espérance de découvrir si nous étions véritablement des Anglais.

» D’après la commission et l’habit de M. Port, nous jugeâmes qu’il pouvait être le secrétaire du gouverneur, et nous le reçûmes avec les égards dus à cette qualité. Le capitaine Clerke l’invita à dîner, ainsi que Fedositch : le ton de supériorité que prenait ce dernier nous fit juger bientôt que Port était un domestique ; mais rien ne nous obligeait à sacrifier à l’orgueil les petits agrémens que nous procurait sa société, et nous prévînmes une explication : nous ne voulûmes pas qu’on lui demandât quel était son rang ; et, par reconnaissance du plaisir qu’il nous faisait à titre d’interprète, nous continuâmes à le laisser vivre avec nous comme notre égal.

Tome XXX                                                                                      9