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HISTOIRE GÉNÉRALE


de pêcheurs, nous trouvâmes une sensibilité, une grandeur d’âme et une élévation de sentimens qui honoreraient la nationlaplus éclairée, établie sous le climat le plus heureux.

» Durant la nuit la marée fit dériver beaucoup de glaces près de nous : on me chargea, à la pointe du jour, d’aller avec les canots examiner la baie, et de remettre au commandant russe les lettres qu’on nous avait données à Ounalachka. Je fis ramer vers le village, et, après m’y être avancé aussi loin qu’il fut possible avec les embarcations, je descendis sur la glace, qui s’étendait à près d’un demi-mille de la côte. M. Webber et deux matelots m’accompagnèrent. Sur ces entrefaites, le master emmena la pinasse et la chaloupe ; il acheva la reconnaissance de la baie, et il me laissa le petit canot pour retourner à bord.

» Je crus que les habitans n’avaient vu ni la Résolution ni les canots ; car nous n’aperçûmes pas une seule personne dans la bourgade, même après notre descente. Quand nous eûmes fait un peu de chemin sur la glace, nous découvrîmes un petit nombre d’habitans qui s’avançaient et reculaient, et bientôt après un traîneau conduit par des chiens, et portant un seul homme, arriva sur la plage en face de nous. Tandis que nous examinions cette voiture singulière, et que nous admirions la politesse de cet étranger, auquel nous supposions ie projet de nous donner du secours, il retourna brusquement son traîneau après nous avoir