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DES VOYAGES


l’avait jeté au milieu des flots, ou peut-être qu’on l’avait porté au delà de la baie, à l’un des cimetières d’une autre partie de l’île. On enterre les chefs dans les moraïs ou herieris, et on place à côté d’eux les hommes qu’on sacrifie à leurs funérailles. Nous remarquâmes que le moraï où l’on enterra le chef qui fut tué dans la caverne après une résistance si intrépide, était pavoisé d’étoffes ronges.

» Les seuls outils de fer, ou plutôt les seuls morceaux de ce métal que nous ayons vus parmi eux, dit le capitaine Cook, et qu’ils eussent avant notre arrivée, étaient une portion de cerceau d’environ deux pouces de longueur, adaptée à un manche de bois[1], et un autre outil tranchant, qui nous parut être la pointe d’un grand sabre. Ils connaissaient d’ailleurs presque tous l’usage du fer, et quelques-uns d’entre nous imaginèrent que des Européens nous avaient précédés dans ces îles : mais il me semble que leur surprise extrême à l’aspect de nos vaisseaux, et leur ignorance absolue de l’usage de nos armes à feu contrarient cette opinion. Ils peuvent avoir acquis des morceaux de fer, ou la connaissance de ce métal de bien des manières, et il n’est pas besoin de leur supposer une liaison immédiate avec les Européens. Il paraît incontestable que les habitans de cette mer ne le connaissaient point avant l’expédition de Ma-

  1. Le capitaine King l’acheta, et on la trouve aujourd’hui dans son cabinet.