Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 30.djvu/18

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
14
HISTOIRE GÉNÉRALE


capitaine descendit à terre, il fut accompagné de l’un des prêtres, qui marchait devant lui, qui avertissait qu’Orono avait débarqué et il ordonnait au peuple de se prosterner la face contre terre. L’un d’eux ne manqua jamais non plus de l’accompagner sur son canot : il se tenait à l’arrière, une baguette à la main, et il avertissait de l’approche de notre commandant les insulaires qui se trouvaient dans leurs pirogues : les rameurs abandonnaient à l’instant leurs pagaies, et ils se couchaient jusqu’à ce qu’il eût passé. S’il s’arrêtait à l’observatoire, Kaïrikia et ses confrères arrivaient tout de suite avec des cochons, des cocos, du fruit a pain, etc., qu’ils lui offraient en observant le cérémonial ordinaire. Ce fut dans ces occasions que des chefs inférieurs nous demandèrent souvent la permission de présenter une offrande à l’Orono : lorsque nous le leur permettions, ils offraient un cochon d’un air qui annonçait la timidité et la frayeur : sur ces entrefaites, Kaïrikia et les prêtres chantaient leurs hymnes.

Les politesses de cette société de prêtres ne se bornèrent pas cependant à de pures cérémonies et à de vaines parades ; ils donnèrent chaque jour des cochons et des végétaux à ceux d’entre nous qui se trouvaient à terre et ils envoyaient avec la même exactitude diverses pirogues chargées de provisions. Ils ne demandèrent jamais rien en retour, et jamais ils n’insinuèrent d’une façon indirecte qu’ils dési-