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DES VOYAGES


sises devant la première troupe, elles poussèrent des cris, et déplorèrent avec grand bruit la perte qu’elles venaient de faire : les treize autres femmes se joignirent à elles, tandis que les hommes tenaient la tête penchée dans l’attitude de la tristesse et de la rêverie. Entre moment, je fus obligé de me retirer à l’observatoire : je revins une demi-heure après, et je les revis dans la même position. Je passai avec eux une assez grande partie de la soirée, et lorsque je les quittai, ils continuaient à pousser des cris et à faire des singeries à peu près semblables à celles que je viens de décrire. Je résolus de revenir le lendemain de très-bonne heure, afin d’assister au reste de la cérémonie. À mon arrivée à la maison du mort au point du jour, j’eus le déplaisir de trouver la compagnie dispersée ; la tranquillité régnait aux environs ; on me fit comprendre qu’on avait enlevé le corps, et je ne pus savoir de quelle manière on en avait disposé. Trois femmes d’un rang distingué qui s’approchèrent de moi interrompirent mes recherches sur cette matière ; elles avaient à leur suite des gens qui tenaient des chasse-mouches ; elles s’assirent près de moi, et la conversation commença. Elles me dirent bientôt que ma présence empêchait quelques cérémonies nécessaires. Je m’éloignai, et dès que je les eus perdues de vue, leurs lamentations et leurs cris frappèrent mes oreilles ; je les joignis peu d’heures après ; elles s’étaient peint en noir la partie inférieure du visage.