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DES VOYAGES


terposèrent leurs bons offices, ce qui nous fit un grand plaisir, et le lendemain nous eûmes la satisfaction de rencontrer le mari et la femme qui étaient ensemble de très-bonne humeur : ce qui est plus singulier encore, la femme ne nous permit pas de faire des reproches à son mari sur ce qui s’était passé la veille, quoique nous en eussions bien envie ; elle nous dit positivement qu’Omiah s’était conduit comme il le devait.

» Tandis que j’étais à l’observatoire établi au fond de la baie de Karakakoua, j’eus deux occasions de voir une partie considérable de leurs cérémonies funéraires. On vint m’avertir un jour qu’un des chefs venait de mourir près du lieu que nous occupions ; je me rendis à sa maison, et je trouvai une foule nombreuse assise autour de la cour qui précédait la cabane où se trouvait le défunt. Un homme qui avait un bonnet de plumes rouges s’avança de l’intérieur sur la porte ; et, mettant sa tête dehors, il poussait presque continuellement un cri très-lamentable, accompagné des grimaces les plus singulières et des contorsions de visage les plus violentes qu’on puisse imaginer. Il jouait depuis quelque temps cette espèce de farce, lorsqu’on étendit une grande natte au milieu de la cour : deux hommes et treize femmes sortirent de la maison et vinrent s’y asseoir sur trois lignes égales : les deux hommes et trois des femmes formaient la première. Le cou et les mains des femmes étaient ornés de palatines de plumes, et elles