Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 30.djvu/173

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
167
DES VOYAGES


vant. Nous rencontrâmes à peine un individu des dernières classes, et nous vîmes très-peu de chefs qui n’eussent pas perdu une ou plusieurs de ces dents. Nous comprimes toujours que cette punition volontaire n’est pas, comme l’amputation de l’une des jointures des doigts aux îles des Amis, la suite d’un chagrin violent occasioné par la mort des personnes qui sont chères, mais un sacrifice propitiatoire offert à l’éatoua afin d’écarter les dangers et les malheurs dont on peut être menacé.

» Leurs idées sur une vie future nous sont bien peu connues. Lorsque nous leur demandâmes où vont les morts, ils nous répondirent constamment que le souffle, qu’ils regardent comme l’âme ou la partie immortelle de l’homme, retourne auprès de l’éatoua. Nous multipliâmes nos questions sur cette matière, et ils semblèrent nous décrire un lieu particulier où ils supposent la demeure des morts ; mais nous n’avons pas découvert s’ils y espèrent des récompenses, où s’ils y craignent des châtimens.

» J’ai promis au lecteur une explication detaillée du mot tabou, et je vais dire ici ce que nous avons remarqué touchant son application et ses effets. Ayant demandé pourquoi la communication entre les naturels et nous était défendue la veille de l’arrivée de Terriobou, on nous répondit que la baie était tabouée. Le même interdit eut lieu, d’après notre sollicitation, le jour où nous procédâmes aux funérailles du capitaine Cook. Dans ces deux occa-