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DES VOYAGES


non-seulement les naturels refusèrent tout ce que je leur en offris, mais ils m’avertirent de ne pas leur faire de mal.

» On peut compter parmi les cérémonies religieuses les prières et les offrandes que font les prêtres avant de manger. Tandis qu’on prépare l’ava, boisson qui précède toujours les repas, la personne la plus qualifiée entonne une espèce d’hymne, et un, deux ou trois hommes de la compagnie chantent en chœur, tandis que le reste remue le corps et frappe des mains en mesure avec la voix des chanteurs. Lorsque l’ava est prêt, on en donne à tous ceux qui n’ont pas chanté ; ils tiennent des coupes remplies de cette liqueur jusqu’à ce que chacun soit servi ; ils déclament ensuite en chœur et à haute voix une phrase de chant, et ils boivent. Ceux qui ont chanté l’hymne sont servis ensuite, et boivent en observant les mêmes cérémonies. S’il se trouve à l’assemblée quelqu’un d’un rang très-élevé, on lui présente la dernière coupe ; et il boit quand il a chanté quelque temps seul, que la troupe lui a répondu et qu’il a versé par terre des gouttes d’ava. On découpe alors un morceau quelconque de la viande qui est apprêtée ; et, après l’avoir déposée avec des végétaux au pied de l’image de l’éatoua, et, après avoir chanté un hymne, le repas commence. Les chefs pratiquent une cérémonie à peu près pareille lorsqu’ils boivent l’ava dans les intervalles de leurs repas.

» Selon le témoignage des naturels du pays