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DES VOYAGES


chassa de la façon la plus ignominieuse : nous savions néanmoins que Paria était un personnage d’importance.

» J’ignore jusqu’à quel point la propriété des classes inférieures du peuple est à l’abri de la rapacité et du despotisme des grands chefs ; au reste, elle semble avoir peu de chose à craindre des voleurs particuliers ; car on laisse sans gardes et sans la moindre crainte, non-seulement les plantations qui sont dispersées dans toute l’étendue du pays, mais les maisons, les cochons et les étoffes. J’ai déjà dit que des murailles séparent leurs champs cultivés, et qu’ils placent dans les bois de petits pavillons blancs partout où croissent des bananes sauvages ; que ces petits pavillons servent de limites et de lignes de démarcation, ainsi que les touffes de feuilles, au milieu des campagnes de Taïti. Si ces faits ne sont pas des preuves, on peut du moins les regarder comme de fortes présomptions que le pouvoir des chefs n’est point arbitraire en ce qui regarde les propriétés ; qu’il est assez circonscrit et assez déterminé pour engager les classes inférieures à cultiver la terre, et à en occuper des portions séparées les unes des autres.

» Nous n’avons pu recueillir que des détails imparfaits et peu étendus sur l’administration de la justice. Lorsque quelques individus des dernières classes du peuple ont des querelles entre eux, on renvoie la dispute par-devant un des chefs, qui est vraisemblablement le chef du