qui suit ; et, pour l’éviter, ils sont réduits à
plonger de nouveau, et à regagner l’endroit
d’où ils sont partis. Ceux qui parviennent à
atteindre la côte ont encore à affronter un
dernier péril, le plus grand de tous. Le rivage
étant défendu par une chaîne de rochers qui
offrent çà et là une petite ouverture, il faut
qu’ils fassent passer leur planche par une de
ces ouvertures, ou, s’ils n’en viennent pas à
bout, il faut qu’ils la quittent avant de gagner
les rochers, et que, replongeant sous la vague,
ils retournent sur leurs pas afin de mieux
prendre leurs dimensions. Cette maladresse
entraîne une sorte de honte, et de plus, la
perte de la planche que j’ai vue souvent, non
sans frayeur, mise en pièces au moment où
l’insulaire la quittait. Leur hardiesse, et leur
dextérité dans ces manœuvres difficiles et dangereuses
nous étonnèrent extrêmement, et il
faut presqu’en avoir été témoin pour les croire[1].
» Un accident qui se passa sous nos yeux prouve qu’ils sont familiarisés de bonne heure avec ces sortes de dangers ; qu’ils ne leur inspirent plus de frayeur, et qu’ils les affrontent sans aucune peine. Une pirogue qui portait une femme et sa petite famille chavira ; l’un des enfans, qui, je crois, n’avait pas plus de quatre ans, parut enchanté ; il nagea d’un air joyeux ; il fit cent passes autour de l’em-
- ↑ On a vu dans les détails sur Taïti la description d’un amusement à peu près semblable.