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DES VOYAGES


accompagnent d’un mouvement doux des bras, de la même manière que les naturels des îles des Amis, sont d’un effet agréable.

» Les naturels de ces îles jouent beaucoup. Ils ont un jeu qui ressemble singulièrement à notre jeu de dames ; mais si l’on peut en juger d’après le nombre de cases, il est bien plus compliqué. Le damier a environ deux pieds de longueur ; et il est divisé en deux cent trente-huit cases, disposées sur dix-sept lignes ; ils emploient de petits cailloux blancs et noirs qu’ils font marcher d’une case à l’antre.

» Ils ont un autre jeu qui consiste à cacher une pierre sous un morceau d’étoffe que l’un d’eux chiffonne de manière qu’il est très-difficile de distinguer où se trouve la pierre. L’adversaire frappe avec un bâton la partie de l’étoffe où il la suppose ; et comme il y a beaucoup


    peut regarder avec raison comme le premier, degré du contrevint, ou de l’art de chanter en plusieurs parties, ne peut lui-même, malgré la mauvaise exécution quon remarque dans nos églises, s’acquérir qu’après beaucoup de temps et d’usage. On a donc peine à croire qu’une tribu a demi barbare soit arrivée naturellement à des combinaisons dont on n’est pas sûr que les Grecs et les Romains, avec tous les raffinemens en musique, et les Chinois, le peuple de la terre le plus anciennement civilisé, aient fait la découverte.

    Si le capitaine Burney, fils de l’homme qui peut-être de ce siècle sait le mieux la théorie de la musique avait noté les accords que chantent les naturels des îles Sandwich, et s les oreilles des Européens avaient pu supporter ces accords, il ne resterait plus aucun doute sur ce fait ; mus, dans l’état où en sont les choses, je pense qu’il y aurait de la précipitation à assurer qu’ils connaissent ou ne connaissent pas le contre-point, et j’ai bien peur que la question ne demeure indécise.